Balthus

Balthazar Klossowski de Rola, dit Balthus (1908, Paris – 2001, Rossinière)
Peintre français. Appartenant à une famille très cultivée, il peint dès l’âge de seize ans, rencontre Rilke – qui préfacera en 1931 un recueil de ses dessins – et Bonnard, qui l’influence fortement jusqu’en 1930. C’est alors qu’il définit les caractéristiques de son style : résolument figuratif et ennemi de toute forme d’abstraction, il pratique un dessin sec, d’une grande précision, et une peinture mate, aux coloris assez éteints, en partant de la stricte observation et intériorisation des choses et des personnes. En 1933, la Rue attire l’attention des surréalistes par son atmosphère étrange, presque onirique : tous les personnages y semblent indifférents les uns aux autres et découpent l’espace en zones contiguës de secrets intimes. Mais Balthus refuse tout recours à l’imaginaire, et en fait, sa peinture d’avant-guerre est plutôt proche du réalisme et la Neue Sachlichkeit, sinon de Courbet (la Montagne, 1937) – même s’il est alors lié à Artaud (il réalise les décors de ses Cenci) et à Giacometti. Après 1945, l’aspect de sa peinture change, devenant plus grasse, en même temps que sa thématique. Le nu y apparaît, en particulier celui d’adolescentes saisies dans leur sommeil ou leur intimité ambiguë – à mi-chemin entre innocence et perversité. Mais demeurent rigueur de la composition, lenteur de l’exécution (Balthus reste volontiers plusieurs années sur une toile, et en exécute des variantes) et amour du métier : le peintre admire Piero della Francesca et la peinture orientale, où il trouve les exemples d’un travail non de représentation réaliste, mais d’ »identification ». Sur ses toiles, le temps se fige, le cours du monde s’immobilise, les gestes restent en suspens avant d’affirmer leur but : la scène s’offre à un regard capable de découvrir le mystère dans l’anodin. « Nous ne savions pas voir la réalité et tout ce que nos appartements, nos familiers et nos rues recèlent d’inquiétant », écrit par exemple A. Camus en 1949 dans la préface d’une des (rares) expositions de Balthus. Le peintre déplore cependant la perte du métier chez ses contemporains – dont il n’excepte à peu près que Bonnard, Braque et Rouan (qu’il a d’ailleurs connu à la Villa Médicis dont il a été directeur entre 1961 et 1977), et que la peinture soit devenue trop souvent une occasion de discours, alors qu’elle reste pour lui irréductible à tout langage.

Les Beaux Jours, Balthus, huile sur toile, 199x148 cm Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington, DC, USA, 1946
Les Beaux Jours, Balthus, huile sur toile, 199×148 cm
Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington, DC, USA, 1946


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