Ombres (d’apparence trompeuse)

Comme pure représentation de l’esprit humain, l’art s’exprimera dans une forme esthétique purifiée, c’est-à-dire abstraite.

Piet MONDRIAN

Réalisez une construction en volume en suivant les points suivants :

  1. Collectez des images plates, des silhouettes d’un objet du quotidien par projection de son ombre portée sur un support papier (exemple ci-dessus). Affirmez l’écart entre l’objet référent et son image : expérimentez, en faisant varier les paramètres (: source lumineuse, positionnement de l’objet, positionnement du support, en recherchant la singularité, l’expressivité, le pouvoir de suggestion des formes révélées).
  2. À partir des images obtenues et choisies : formes simples noires sur un support plan blanc :
    • recherchez une forme sculpturale en arrangeant, combinant, juxtaposant les silhouettes précédemment obtenues,
    • imaginez sa construction en volume (son élévation, son développement dans l’espace) qui jouerait de nouveau sur les distorsions possibles, pensez aux matériaux, aux couleurs utilisées,
    • dessinez la sculpture, annotez vos dessins.
  3. Proposez la maquette de votre projet de sculpture.

Objectifs pédagogiques

La séquence a pour objectifs d’amener les élèves à :

  • s’approprier une démarche, un projet,
  • utiliser l’ombre pour construire du sens,
  • être attentif aux effets produits par l’expérimentation (déformation, exagération, distorsion, exagération…), être sensible au statut des images, la fabrication des images, leur rapport au réel,
  • saisir que pour une même image, il existe plusieurs représentations et interprétations possibles,
  • comprendre l’écart entre le référent et son image,
  • comprendre les différents niveaux d’interprétation : esthétique, psychologique, symbolique, poétique, historique, ethnologique de l’ombre.

Questions

En quoi les objets du quotidien peuvent-ils devenir le matériau principal de l’œuvre d’art ? Comment le plasticien peut-il tirer parti des formes d’objets ? Dans quelle mesure les jeux d’ombre font-ils sens dans une œuvre ? En quoi l’écart entre le référent et sa représentation peut-il être une source d’expression ?

1- Man RAY, La Femme, 1920, photographie, 38,8 × 29,1 cm, Centre Pompidou, Paris
2- Markus RAETZ, Nach Man Ray, 2005, objets cylindriques en fonte bleue, mécanisme de rotation, 53 × 28 × 26 cm

Références artistiques

  • Jean-Baptiste REGNAULT, L’Origine de la Peinture, 1786, huile sur toile, 120 × 140 cm, à voir comme contre-exemple
  • Jean-Léon GÉRÔME, Consummatum est, 1867, peinture à l’huile, 82 × 144,5 cm – https://fr.wikipedia.org/wiki/Consummatum_est
  • Hans ARP, La mise au tombeau des oiseaux et papillons, Portrait de Tristan Tzara, 1916-17, bois peint, 40 × 32, 5 × 9, 5 cm
  • Man RAY, La Femme, 1920, photographie épreuve gélatino-argentique, 38,8 × 29,1 cm, Centre Pompidou, Paris
  • László MOHOLY-NAGY, Modulateur-espace-lumière, 1930, métaux divers, matière plastique, bois, 151 × 70 × 70 cm
  • Pablo PICASSO, La Femme au jardin, 1929-1931, fer soudé par Picasso puis bronze réalisé par Julio González, Madrid, Museo National Centro de Arte Reina Sofia
  • Sergueï EISENSTEIN, Ivan Le Terrible, 1945, première partie
  • Pablo PICASSO, Sans titre, Daley Plaza, Chicago, 1967, sculpture, 15 m de haut, acier corten, 147 tonnes
  • Keith HARING, Boxers, 1987, acier peint, 4,80 m de haut, Postdamer Platz, Berlin
  • Christian BOLTANSKI, Les Ombres, 1987, installation, bougies et figurines sur équerres, dimensions variables
  • Tim NOBLE et Sue WEBSTER, Instant Gratification, 2001, billets américains de 1 $, pinces métalliques, MDF, formica, Perspex (plaques acryliques), 3 ventilateurs électriques, mécanisme de machine à sous, jetons en plastique, projecteur de lumière, 76,3 × 76,3 × 222,5 cm
  • Fred EERDEKENS, Neo Deo, 2002, matériaux synthétiques, projecteur, 1400 × 400 cm
  • Markus RAETZ, Nach Man Ray, 2005, 2 objets cylindriques en fonte bleue, mécanisme de rotation, 53 × 28 × 26 cm
  • Philippe RAMETTE, L’Ombre (de moi-même), 2007, installation lumineuse, technique mixte, dimensions variables
  • Kumi YAMASHITA, Origami, 2011, 99 feuilles de papier froissé révélant le profil individualisé de 99 personnages grâce à une mise en forme du papier et une lumière rasante


Niveaux de maîtrise

Compétences

Maîtrises

1.6 – Exploiter des informations et de la documentation, notamment iconique, pour servir un projet de création

Je n’exploite ni les informations ni la documentation iconique, pour soutenir mon projet.

Je commence à recourir aux informations et à la documentation, notamment iconique, mais ai besoin de plus de pratique pour les intégrer de manière cohérente dans mon projet artistique.

+-

J’exploite les informations et la documentation, en particulier iconique, pour nourrir et enrichir mon projet de création.

+

J’utilise avec attention les informations et la documentation, notamment iconique, en les intégrant de manière perspicace et créative dans mon projet artistique.

++

2.3 – Se repérer dans les étapes de la réalisation d’une production plastique et en anticiper les difficultés éventuelles

J’ai du mal à me repérer dans les différentes étapes de réalisation d’une production plastique et n’anticipe pas les difficultés éventuelles.

Je commence à me repérer dans les étapes de réalisation d’une production plastique, mais ai besoin de plus de pratique pour anticiper les difficultés.

+-

Je me repère dans les étapes de réalisation et anticipe les difficultés éventuelles lors de ma création artistique.

+

Je planifie et organise efficacement les étapes de réalisation de ma production plastique, en anticipant habilement les difficultés et en ajustant ma démarche en conséquence.

++

4.2 – Identifier des caractéristiques (plastiques, culturelles, sémantiques, symboliques) inscrivant une œuvre dans une aire géographique ou culturelle et dans un temps historique

Je n’identifie pas les caractéristiques permettant de situer une œuvre dans son contexte géographique, culturel ou historique.

Je repère certaines caractéristiques permettant de situer une œuvre dans son contexte, mais celles-ci restent peu précises.

+-

J’identifie de manière fiable les caractéristiques plastiques, culturelles, sémantiques et symboliques situant une œuvre dans un contexte.

+

J’identifie avec précision et finesse les caractéristiques inscrivant une œuvre dans une aire géographique ou culturelle et dans un temps historique, démontrant ainsi une connaissance approfondie et nuancée de celle-ci.

++


Références au programme du cycle 4


Questionnement(s)

La représentation ; images, réalité et fiction :

  • la ressemblance : le rapport au réel et la valeur expressive de l’écart en art
  • l’autonomie de l’œuvre d’art, les modalités de son autoréférenciation : l’autonomie de l’œuvre vis-à-vis du monde visible

Compétences disciplinaires

Composantes plasticiennes

Expérimenter, produire, créer

  • 1.2 – S’approprier des questions artistiques en prenant appui sur une pratique artistique et réflexive.
  • 1.6 – Exploiter des informations et de la documentation, notamment iconique, pour servir un projet de création.

Composantes théoriques (méthodologiques et sociales)

Mettre en œuvre un projet artistique

  • 2.3 – Se repérer dans les étapes de la réalisation d’une production plastique et en anticiper les difficultés éventuelles.
  • 2.4 – Faire preuve d’autonomie, d’initiative, de responsabilité, d’engagement et d’esprit critique dans la conduite d’un projet artistique.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité

  • 3.2 – Établir des liens entre son propre travail, les œuvres rencontrées ou les démarches observées.

Composantes culturelles

Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art

  • 4.2 – Identifier des caractéristiques (plastiques, culturelles, sémantiques, symboliques) inscrivant une œuvre dans une aire géographique ou culturelle et dans un temps historique.

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