Du Vrai du faux

Mettez en scène un objet réel et une image de manière à tromper notre acuité visuelle en brouillant les limites de la perception entre les deux, entre ce qui est « vrai » et ce qui est « faux » (ou inversement).

#réel #artificiel #trompe-l’œil #illusion #anamorphose #perspective

Trompe-l’œil et image hyperréaliste

Le trompe-l’œil est destiné à jouer sur la confusion de la perception du spectateur qui, sachant qu’il est devant une image, une surface plane, est malgré tout, trompé et voit un sujet en relief.

L’image hyperréaliste est caractérisée par un rendu minutieux de la réalité, inspiré d’images photographiques.
L’hyperréalisme est un mouvement artistique pictural du dernier quart du 20e siècle consistant en la reproduction à l’identique d’une image en peinture ou en sculpture, tellement réaliste que le spectateur vient à se demander si la nature de l’œuvre artistique est une peinture ou une photographie.

Objectifs

Les objectifs de la séance sont d’amener les élèves :

  • à s’interroger sur comment exploiter les techniques pouvant tromper le spectateur ? Comment donner l’illusion de réalité ?
  • À créer une représentation à partir d’éléments d’origines diverses en sachant choisir les instruments, outils, matériaux, supports, médiums.
  • À utiliser quelques pratiques conventionnelles du dessin (schéma, esquisse, croquis), des procédures techniques de la peinture et de techniques mixtes, dont le travail en volume n’est pas exclu et les identifier (prélèvement, assemblage, collage).

En Grèce antique (400 av. J.-C.)

Zeuxis et Parrhasios, deux célèbres peintres s’affrontent dans un concours de peinture.

Zeuxis peint des grappes de raisin avec tant de réalisme que des oiseaux essaient de les picorer. Il triomphe. Parrhasios l’invite alors à dévoiler son propre tableau. S’exécutant, Zeuxis réalise que le tableau n’est autre que le rideau qu’il a tenté d’écarter. Zeuxis reconnaît alors sa défaite : son œuvre a trompé des oiseaux, alors que celle de Parrhasios a trompé Zeuxis lui-même.
Source Wikipédia

Ernest PIGNON-ERNEST, Derrière la vitre, 1996, sérigraphie sur cabine téléphonique.
« Mon travail c’est le contraire d’une affiche. Quand on fait une affiche, on fait une image qui doit être vue contre ce qui est autour. Les miennes n’existent que dans la relation avec ce qui est autour. »

Références artistiques possibles

  • Marcel DUCHAMP, Roue de bicyclette, 1913, ready-made, 126,5 x 31,5 x 63,5 cm, Centre Pompidou, Paris. « La Roue de bicyclette est mon premier readymade, à tel point que ça ne s’appelait même pas un readymade. Voir cette roue tourner était très apaisant, très réconfortant, c’était une ouverture sur autre chose que la vie quotidienne. J’aimais l’idée d’avoir une roue de bicyclette dans mon atelier. J’aimais la regarder comme j’aime regarder le mouvement d’un feu de cheminée. » — Marcel Duchamp. L’œuvre originale datant de 1913 fut perdue, et Marcel Duchamp créa plusieurs répliques au début des années 1960.
  • René MAGRITTE, La reproduction interdite (Portrait d’Edward James), 1937, huile sur toile, 81,5 x 65,5 cm. Rotterdam, Museum Boijans Van Beuningen.
  • Tom WESSELMANN, Bathtub Collage #2, 1963. Tom Wesselmann intègre les objets à sa peinture de manière à créer une image en trompe l’œil. Ainsi le spectateur, ne distingue plus ce qui est réel de ce qui est fictif.
  • Andy WARHOL, Boîtes de savon Brillo, 1964, sérigraphie et acrylique sur cube en bois,  43,2 x 43,2 x 35,6 cm. À la différence des véritables emballages de carton ondulé représenté par « Brillo » ces sculptures sont fabriquées de bois. En éliminant l’aspect fonctionnel des boîtes et en les retirant de leur cadre habituel, Andy Warhol nous force à les voir sous un nouveau jour et nous fait constater la capacité des techniques de commercialisation de transformer en une marchandise séduisante un objet banal et sans attraits.
  • Martial RAYSSE, Made in Japan – La grande odalisque, 1964, peinture acrylique, verre, mouche, passementerie en fibre synthétique, sur photographie marouflée sur toile 130 x 97 cm, Centre Pompidou, Musée National d’Art Moderne, Paris.
  • Peter KLASEN, R/ROUGE-CORROSIF G, 1986, gouache sur papier, signé en bas à droite « Klasen » et titré en bas à gauche « R/rouge-corrosif G », 60 x 48,50 cm. Dès 1961, ses tableaux se distinguent par un refus de l’abstraction, à la mode depuis la fin de la guerre. La technique de l’aérographe anéantit tous les effets picturaux traditionnels. Dans ces images d’images, la présence de fragments de corps est associée à celle d’objets industriels. Pour le peintre, la ville est un sujet d’enfermement dont la modernisation accentue le caractère traumatisant et aliénant. Des portes grillagées, portant des inscriptions (« Danger de mort », « No admittance », etc.), vont peu à peu remplacer ces fragments arrachés au paysage urbain, effacer les dernières traces du corps. Les chaînes et les cadenas, les issues de secours, les rideaux de fer, qu’il cadre avec netteté, sont des gros plans sur les nouveaux éléments emblématiques du danger impliqué par les progrès technologiques. Le regard y bute comme sur un mur intraversable. 
  • Ernest PIGNON-ERNEST, Naples, 1988-1995, sérigraphies, collage in situ à Naples, Italie
  • Pierrick SORIN, Titre variable #2, théâtre optique, 2001, dispositif vidéo.
  • Désirée PALMEN, Park Bank, 2001, photographie.
  • Philippe RAMETTE, L’Ombre de moi-même, 2007, installation.
  • Dan WITZ, Van Wyck Expressway, 2010, affiche, Queens, NY.

Questionnement(s) :

  • La représentation ; images, réalité et fiction : la ressemblance – le dispositif de représentation.
  • La matérialité de l’œuvre ; l’objet et l’œuvre : l’objet comme matériau en art.
  • L’œuvre, l’espace, l’auteur, le spectateur : l’expérience sensible de l’espace de l’œuvre.

Expérimenter, produire, créer (D1, D2, D4, D5) :

  • Choisir, mobiliser et adapter des langages et des moyens plastiques variés en fonction de leurs effets dans une intention artistique en restant attentif à l’inattendu.
  • Prendre en compte les conditions de la réception de sa production dès la démarche de création, en prêtant attention aux modalités de sa présentation, y compris numérique.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité (D1, D3, D5) :

  • Expliciter la pratique individuelle ou collective, écouter et accepter les avis divers et contradictoires.
  • Porter un regard curieux et avisé sur son environnement artistique et culturel, proche et lointain, notamment sur la diversité des images fixes et animées, analogiques et numériques.

D1 Les langages pour penser et communiquer – D2 Les méthodes et outils pour apprendre – D3La formation de la personne et du citoyen – D4 Les systèmes naturels du monde et l’activité humaine – D5 Les représentations du monde et l’activité humaine


*Martial RAYSSE, Le Rêve, 1963, peinture à la bombe et acrylique sur xérographie contrecollée sur panneau, éléments en plastique (une rose avec pétales peints, trois lettres, une araignée) et néon blanc, 47 x 97 x 14 cm.