À vos aiguilles !

À la fin du XIXe siècle, les travaux d’aiguille s’extraient de la sphère domestique et émergent peu à peu dans le monde de l’art : au sein du mouvement Arts and Crafts, puis dans des avant-gardes européennes. Principalement utilisés par des artistes femmes, ils vont nourrir de nombreux travaux plastiques.
Son usage dans l’art s’impose à partir des années 1970, en écho aux mouvements féministes. Détournant les usages des travaux d’aiguille, des artistes réalisent des œuvres soulevant une réflexion sur la condition des femmes et les rôles qui leur sont traditionnellement assignés.

À vos aiguilles ! Piquez, percez, rayez, cousez, brodez, tricotez…

#aiguille

Malgré la caricature toujours actuelle du genre suggéré sous l’appellation de travaux d’aiguille, votre réalisation révélera un engagement artistique fort.

Questions

En quoi le choix et l’utilisation de l’outil déterminent-il la manière de créer ? Dans quelle mesure le geste et l’outil peuvent-ils être expressifs ?

Références artistiques possibles

  • Johannes VERMEER, La Dentellière, peinture à l’huile, 24 × 21 cm, 1669-1670, Musée du Louvre, Paris
  • Milvia MAGLIONE, Dédicacé à L., 1973, objets cousus sur toile de lin brodée à la soie et peinte au pochoir par endroit, 239 × 155 cm, Centre Pompidou, Paris
  • Annette MESSAGER, Ma collection de proverbes, 1974. Ma collection de proverbes consiste en une anthologie d’idées reçues sur la femme, brodées à la main par l’artiste sur des pièces de coton blanc.
  • Isa MELSHEIMER, Hyperboloïde, 2007, installation, fil à coudre, clous, dimensions variables. L’installation s’articule autour d’une forme hyperboloïde. Cette forme générée par la rotation de lignes parallèles autour d’un axe se déploie dans l’espace, créant un nouvel espace et suggérant une barrière légère et fragile.
  • Ilaria MARGUTTI, Mend faces V, 2008-2009, broderie sur coton, 50 × 50 cm
  • Muriel BAUMGARTNER, Corset rouge n°1 (série Mes Broderies), 2009, dessin et broderie sur papier, 33 × 33 cm. « Mon travail est à la fois biologique et autobiographique. Il s’agit d’une transcription graphique d’une expérience de corps, de mon propre corps. »
  • Julien SALAUD, Constellation du Faon, 2012, trophée de chevrette, clous, perles de rocaille, fil de coton, 60 × 25 × 35 cm.
  • Eliza BENNETT, A Woman’s Work Is Never Done, 2012/ 2014, série photographique. « Comme support d’un canevas, je brode la couche supérieure de la peau de ma propre main à l’aide de fil pour créer l’apparence d’une main incroyablement usée. En utilisant la technique de la broderie traditionnellement employée pour représenter la féminité et l’appliquer à l’expression de son contraire, j’espérais remettre en question la notion préconçue selon laquelle le travail des femmes est léger et facile. »
  • Rebecca HARRIS, Untilted (body modification), 2013, dimensions variables, cercle à broder, tissu imprimé et fil
  • Hinke SCHREUDERS, Works on paper #36, 2014, broderie sur papier marouflé sur toile de lin, 26 × 18 × 5,5 cm
  • Ghada AMER, Ma lune noire-RFGA, 2016, acrylique et broderie sur toile, 127,0 × 106,7 × 5,1 cm
  • Claire MORGAN, Murmurations, 2016, installation, polythène, nylon, plomb, acrylique, 500 × 1650 × 660 cm, Claire Morgan (claire-morgan.co.uk)
  • Sylvie SELIG, Abortion #1., 2018, feutre, broderie et poupée sur lin brut, 81 × 103 cm
  • Sylvie SELIG, Blindfold fall, 2018, feutre et broderie sur lin, 162,5 × 91,5 cm

Questionnement(s)

La représentation ; images, réalité et fiction :

  • la création, la matérialité, le statut, la signification des images : leurs propriétés plastiques, iconiques, sémantiques, symboliques

La matérialité de l’œuvre ; l’objet et l’œuvre :

  • la transformation de la matière : les relations entre matières, outils, gestes
  • les qualités physiques des matériaux : les matériaux et leur potentiel de signification dans une intention artistique, leur nature et leurs caractéristiques, les notions de fini et non fini

L’œuvre, l’espace, l’auteur, le spectateur :

  • la présence matérielle de l’œuvre dans l’espace, la présentation de l’œuvre : le rapport d’échelle, l’in situ, les dispositifs de présentation, la dimension éphémère, l’espace public

Compétences disciplinaires

Composantes plasticiennes

Expérimenter, produire, créer (D1, D2, D4, D5)

  • S’approprier des questions artistiques en prenant appui sur une pratique artistique et réflexive.
  • Explorer l’ensemble des champs de la pratique plastique et leurs hybridations, notamment avec les pratiques numériques.
  • Exploiter des informations et de la documentation, notamment iconique, pour servir un projet de création.

Composantes théoriques

Mettre en œuvre un projet artistique (D2, D3, D4, D5)

  • Mener à terme une production individuelle dans le cadre d’un projet accompagné par le professeur.
  • Se repérer dans les étapes de la réalisation d’une production plastique et en anticiper les difficultés éventuelles.
  • Faire preuve d’autonomie, d’initiative, de responsabilité, d’engagement et d’esprit critique dans la conduite d’un projet artistique.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité (D1, D3, D5)

  • Établir des liens entre son propre travail, les œuvres rencontrées ou les démarches observées.

Composantes culturelles

Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art (D1, D3, D5)

  • Proposer et soutenir l’analyse et l’interprétation d’une œuvre.

D1 Les langages pour penser et communiquer – D2 Les méthodes et outils pour apprendre – D3 La formation de la personne et du citoyen – D4 Les systèmes naturels du monde et l’activité humaine – D5 Les représentations du monde et l’activité humaine


*Aiguilles et fils, photographie de Dan Cristian Pădureț, unsplash.com


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