Mettre un monde en boîte


Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, film réalisé par Jean-Pierre Jeunet avec Audrey Tautou
Amélie découvre une vieille boîte en métal

Qu’elle soit vide ou pleine, mettez un monde en boîte !

#miniature #mise en scène #espace-lieu

Élaborez en premier lieu une carte mentale, afin d’analyser la proposition. Dessinez ensuite une planche comportant les parties importantes du projet avant de réaliser la « mise en boîte de ce monde »…

Mythologie

Selon la mythologie grecque, Pandore était la première femme créée par le dieu Zeus. Elle a été créée pour punir l’humanité après que Prométhée eut volé le feu.

Zeus offrit la main de Pandore à Épiméthée, frère de Prométhée. Pandore apporta dans ses bagages une boîte mystérieuse que Zeus lui interdit d’ouvrir. Celle-ci contenait tous les maux de l’humanité, notamment la vieillesse, la maladie, la guerre, la famine, la misère, la folie, le vice, la tromperie, la passion, l’orgueil ainsi que l’espérance.

Une fois installée comme épouse, Pandore céda à la curiosité et ouvrit la boîte, libérant ainsi les maux qui y étaient contenus. Elle voulut refermer la boîte pour les retenir ; hélas, il était trop tard. Seule l’espérance, plus lente y resta enfermée.


La boîte, symbole de la curiosité, de la dissimulation et du mystère

Symbole féminin, interprété comme une figure de l’inconscient et du corps maternel , la boîte contient toujours un secret : elle enferme et sépare du monde ce qui est précieux , fragile ou redoutable . Elle protège, mais risque aussi d’étouffer.

La boîte de Pandore est restée le symbole de ce qu’il ne faut pas ouvrir. Cette boîte, au fond de laquelle reste l’espérance, c’est l’inconscient à toutes ces possibilités inattendues, excessives, destructives ou positives, mais irrationnelles, si elles sont laissées à elles-mêmes. Ce symbole peut être relié à l’exaltation imaginative qui prête à l’inconnu, recelé dans la boîte, toutes les richesses de nos désirs et voit en lui le pouvoir illusoire de les réaliser : origine de tant de malheurs !

La boîte est aussi à rapprocher des cassettes de nombreux contes et légendes. Les deux premières contiennent biens et richesses, la troisième tempêtes, ruines, mort. Les trois cassettes correspondent aux trois parts de la vie humaine, deux étant favorable, une adverse.

Bref, que la boîte soit richement ornée ou simple, elle n’a pas de valeur symbolique que par son contenu, et ouvrir une boîte, c’est toujours prendre un risque.

Synonymes de boîte

Ballotin, benne, boîtier, bonbonnière, carton, cartouchière, caissette, cassette, coffre, coffret, conserve, conteneur, étui, flaconnier, minaudière (nécessaire de maquillage), pilulier, poudrier, reliquaire, tabatière, Tetra Pak, tire-lire.

Familier – lieu de travail (entreprise, lycée), bouche, discothèque.

Charles MATTON
Charles MATTON, Reconstitution de lieux : atelier de Giacometti, 1987
Damien HIRST, Love Lost, 1999

Références artistiques possibles

Marcel DUCHAMP, Air de Paris50cc de Paris, 1919, verre, bois, 14,5 x 8,5 x 8,5 cm, ampoule pharmaceutique vidée de son contenu et ressoudée. C’est en 1919 que Marcel Duchamp offre cette « précieuse ampoule de 50 cm3 d’Air de Paris – visible ici dans sa réplique de 1964 – à des collectionneurs américains, Louise et Walter Arensberg. Dans cette capsule protectrice, l’air de Paris, vital et précieux mais aussi ironique et léger, quitte une Europe marquée par la guerre, passe les frontières, traverse l’océan.

Marcel DUCHAMP, La Boîte-en-valise, 1936-1941, boîte en carton recouverte de cuir rouge contenant des répliques miniatures d’œuvres, 69 photos, fac-similés ou reproductions de tableaux, collées sur chemise noire, 41,7 x 38,5 x 9,7 cm, boîte déployée pour présentation : 102 x 92 x 40 cm, Centre Pompidou, Paris.

Joseph CORNELL, Soap Bubble Set, 1949, verres, pipes, papier imprimé et autres supports dans une boîte en bois vitrée, 37,5 x 47,6 x 10,7 cm, Smithsonian American Art Museum, Washington.
Dans ses boîtes, l’artiste élabore des microcosmes où s’entremêlent rêve et réalité. Ces petits lieux ne ressemblent en rien à des lieux réels mais évoquent davantage des théâtres poétiques selon ses propres termes. Nostalgique d’un monde passé, les boîtes qu’il réalise sont constituées d’objets divers (verres, pipes, coquillages, dés à coudre, papillons, cartes du ciel, sphères de bois, oiseaux de papier, etc.) vestiges et témoins d’un passé révolu.
https://americanart.si.edu/artwork/soap-bubble-set-41412

Piero MANZONI, Le socle du monde (hommage à Galilée), acier corten, 82 x 100 x 100 cm, 1961, Herning.

Jérôme BASSERODE, Hécatée/Bateau-Mémoire (maquette) ou {création de matière à penser}, PVC, bois, plastique, nylon, acier, aluminium, 244 x 606 x 70 cm, 1988-1995, collection Frac Provence-Alpes-Côte d’AzurHerning Kunstmuseum.

Charles MATTON, Reconstitution de lieux : atelier de Giacometti, 1987, construction composée de bois, résine, papier, plâtre, verre, œuvre présentée sur un socle en métal : 48,5 x 33,5 x 36,5 cm (hors socle).

Damien HIRST, Love Lost, 1999, verre, acier peint, silicone, eau, système d’aquarium, poissons d’eau douce vivants, gravier, chaise de gynécologue, table en acier inoxydable, clavier et moniteur d’ordinateur, tabouret, tasse, montre, lunettes et anneaux en étain, 274 x 213 x 213 cm,

Saâdane AFIF, Power Chords, (vue de l’installation à la Biennale de Lyon, « 11 electrical guitars, 11 amplifiers, 11 automatons, Apple computer, software Unique piece », 2005.

Tomas SARACENO, Flying Garden, 220 cm, 2006, jardin suspendu où croissent des plantes hors sol, alimenté en lumière, eau et air grâce à des câbles reliés à des panneaux solaires. Flying Garden est autosuffisant et permet la survie des plantes subtropicales qu’il accueille. Le système mis en place constitue un étrange laboratoire où la beauté de l’idée de départ – des plantes vivent quasiment de l’air du temps – fait place à la technique qui recrée savamment ce que la nature réalise automatiquement.


Questionnement(s)

  • La représentation ; images, réalité et fiction : le dispositif de représentation – la narration visuelle.
  • La matérialité de l’œuvre ; l’objet et l’œuvre : les représentations et statuts de l’objet en art.
  • L’œuvre, l’espace, l’auteur, le spectateur : la présence matérielle de l’œuvre dans l’espace, la présentation de l’œuvre.

Expérimenter, produire, créer (D1, D2, D4, D5)

  • Choisir, mobiliser et adapter des langages et des moyens plastiques variés en fonction de leurs effets dans une intention artistique en restant attentif à l’inattendu.
  • S’approprier des questions artistiques en prenant appui sur une pratique artistique et réflexive.
  • Prendre en compte les conditions de la réception de sa production dès la démarche de création, en prêtant attention aux modalités de sa présentation, y compris numérique.

Mettre en œuvre un projet artistique (D2, D3, D4, D5)

  • Concevoir, réaliser, donner à voir des projets artistiques, individuels ou collectifs.
  • Faire preuve d’autonomie, d’initiative, de responsabilité, d’engagement et d’esprit critique dans la conduite d’un projet artistique.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir à l’altérité (D1, D3, D5)

  • Établir des liens entre son propre travail, les œuvres rencontrées ou les démarches observées.

Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art (D1, D3, D5)

  • Proposer et soutenir l’analyse et l’interprétation d’une œuvre.

D1 Les langages pour penser et communiquer – D2 Les méthodes et outils pour apprendre – D3 La formation de la personne et du citoyen – D4 Les systèmes naturels du monde et l’activité humaine – D5 Les représentations du monde et l’activité humaine