Lieu unique

La forme du lieu d’exposition d’art change, de même que nous constatons le rapprochement, l’attachement des œuvres à des lieux artistiques de natures bien diverses. D’ailleurs, ces nouveaux lieux renouvellent la manière de regarder et d’apprécier les œuvres d’art tout en modifiant l’expérience de la « visite ».

Concevez, dessinez, réalisez un lieu unique pour réceptionner un objet artistique préalablement choisi. Remarquez que le lieu sera essentiel dans la compréhension de l’œuvre.

#exposition #réception #scénographie #muséographie #installation

Objectifs pédagogiques

La séquence a pour objectifs d’amener les élèves à :

  • comprendre que le dispositif d’exposition donne lieu à un déploiement de l’œuvre dans l’espace et engendre un nouveau rapport au corps du spectateur,
  • saisir que la compréhension de l’œuvre peut s’établir à partir de différents points de vue,
  • voir que les caractéristiques du lieu (sens, forme) peuvent dialoguer avec l’œuvre qui y est
  • comprendre les intentions de l’artiste dans sa stratégie d’organisation d’une installation,
  • comprendre qu’un lieu peut agir en résonnance avec l‘artiste, l’œuvre, sa démarche et être source de création,
  • saisir que l’œuvre peut révéler le lieu et inversement (aspects historiques, sociologiques, sensibles).

Questions abordées

En quoi le lieu d’exposition d’une œuvre contemporaine participe-t-il à l’appréciation et au jugement que l’on s’en fait ? Quelle relation entretient l’œuvre avec son environnement d’exposition ? En quoi une production artistique peut-elle interagir avec son espace d’exposition ? Comment se construit la relation entre l’œuvre et l’espace qui l’accueille ?

Vocabulaire

  • Cabinet de curiosités : pièce ou parfois meuble où sont entreposées et exposées des « choses rares, nouvelles, singulières ».
  • Dispositif de présentation : manière de présenter une œuvre artistique.
  • Mise en scène : présentation arrangée et organisée de différents éléments dans un espace donné : personnages, objets, costumes, accessoires, décors, mouvements, lumières pour créer un nouvel espace.
  • In situ : œuvre qui prend en compte le lieu où elle est installée.
  • Installation : mise en scène d’objets ou d’éléments constituant un environnement artistique.
  • White cube : type d’espace d’exposition (1970) qui a la forme d’une pièce aux murs blancs, généralement refermée sur elle-même.

Méthodologie

Avant de commencer à travailler par petits groupes (2 ou 3 élèves), posez-vous cette question essentielle :
Qu’est-ce qui (quel processus*) peut changer le regard que l’on a habituellement sur un objet ?

*Processus : suite continue d’opérations aboutissant à un résultat ; procédé

  1. La question de la présentation de l’objet est la plus souvent mise en avant. Celle-ci l’isole de son environnement par le biais d’un socle, d’un écrin. La présence d’un cartel près de l’objet attarde le regard du spectateur. Ces codes liés à l’univers des musées, galeries, accordent à l’objet un nouveau statut, plus précieux, et en changent immédiatement notre appréhension.
  2. Les sculptures mettant en scène des associations surréalistes attirent notre regard par leur étrangeté, on s’y attarde… Elles n’ont pas toujours de sens, mais elles ont suscité notre attention.
  3. Par définition, on accorde à un objet une fonction, mais que se passe-t-il si celle-ci est bousculée, supprimée, inversée ? Lorsque l’objet change de fonction, c’est son identité qui est touchée. Confronté à cette nouvelle fonction le spectateur est bousculé dans ses habitudes.

Références artistiques possibles

  • Jean DUBUFFET, Le jardin d’hiver, 1968-1970, polyuréthane sur époxy, 480 × 960 × 550 cm, Centre Pompidou, Paris
  • Robert SMITHSON, Spiral Jetty, 1970, boue, cristaux de sel, rochers, bois, eau, 457 × 4,5 m, Grand Lac Salé, Salt Lake City, Utah
  • David MACH, Aquarium, 1983, 924 bouteilles en verre, eau, colorant, 29 × 442 × 206 cm, lAC-FRAC Rhône Alpes
  • Christian BOLTANSKI, Théâtre d’ombres, 1984, installation, figurines en carton, papier, laiton, fil de fer, projecteur et ventilateur
  • Tony CRAGG, Palette, 1985, objets en plastiques déposés au mur, 186 × 178 cm. FRAC Bourgogne
  • Daniel BUREN, Les Deux Plateaux, 1986, marbre blanc et noir, plan d’eau, Cour d’honneur du Palais-Royal, Paris
  • Allan Mc COLLUM, Perfect vehicles, 1988, installation de 30 pots de 50 × 22 × 22 cm, acrylique sur plâtre. Musée de Grenoble
  • Jean-Pierre RAYNAUD, Container Zéro, 1988, carrelage blanc (joints noirs), acier peint, éclairage, 330 × 330 × 330 cm, surface au sol : 10 m2, Centre Pompidou, Paris
  • Daniel BUREN, Arguments topique, Dominant-Dominé, 1465 m2 à 11°28’42, mai 1991, travail in situ, capc Musée d’art contemporain de Bordeaux, Bordeaux
  • Barbara KRUGER, All violence is an illustration of a Pathetic Stereotype, 1991, installation, Mary Boone Gallery, NY
  • Claes OLDENBURG et Coosje VAN BRUGGEN, La bicyclette ensevelie, 1995, sculpture en acier
  • aluminium et plastique (roue : 2,8 × 16,3 × 3,2 m, guidon et sonnette : 7,2 × 6,2 × 4,7 m, selle : 3,5 × 7,2 × 4,1 m, pédale : 5,0 × 6,1 × 2,1 m). Parc de La villette, Paris
  • Jesús Rafael SOTO, Cube pénétrable, 1996, cadre aluminium laqué, tiges de résine, 450 × 500 × 400 cm, Centre Pompidou, Paris
  • Cai GUO-QIANG, Inopportune: Stage One, 2004, neufs voitures et tubes lumineux multicolores, 487,7 × 182,9 cm, Seattle Art Museum
  • Claude LÉVÈQUE, Le Grand Sommeil, 2006, installation in situ de 1 350 m2, MAC/VAL, Vitry-sur-Seine
  • Anish KAPOOR, Cloud Gate, 2006, sculpture, acier inoxydable polie, 10 × 20 × 13 m, 99,8 tonnes, Millenium Park, Chicago, États-Unis
  • George ROUSSE, Vitry, 2007, épreuve pigmentaire, photographie, 115 × 146 cm
  • Tadashi KAWAMATA, Cathédrale de chaises, 2007, installation, exposition «L’Emprise du Lieu», Expérience Pommery # 4, Domaine Pommery, Reims
  • Carlos AMORALES, Carlos Amorales Remix, 2010-2011, installation, Palazzo delle Espozioni, Rome

Questionnement(s)

La représentation plastique et les dispositifs de présentation :

  • la mise en regard et en espace : ses modalités (présence ou absence du cadre, du socle, du piédestal, etc.), ses contextes (l’espace quotidien privé ou public, l’écran individuel ou collectif, la vitrine, le musée, etc.), l’exploration des présentations des productions plastiques et des œuvres (lieux : salle d’exposition, installation, in situ, l’intégration dans des espaces existants, etc.),
  • la prise en compte du spectateur, de l’effet recherché : découverte des modalités de présentation afin de permettre la réception d’une production plastique ou d’une œuvre (accrochage, mise en espace, mise en scène, frontalité, circulation, parcours, participation ou passivité du spectateur, etc.).

Les fabrications et la relation entre l’objet et l’espace :

  • l’espace en trois dimensions : les interpénétrations entre l’espace de l’œuvre et l’espace du spectateur.

Compétences disciplinaires

Composantes plasticiennes

– Expérimenter, produire, créer (D1, D2, D4, D5)

  • Choisir, organiser et mobiliser des gestes, des outils et des matériaux en fonction des effets qu’ils produisent.
  • Représenter le monde environnant ou donner forme à son imaginaire en explorant divers domaines (dessin, collage, modelage, sculpture, photographie, vidéo…).
  • Rechercher une expression personnelle en s’éloignant des stéréotypes.
  • Intégrer l’usage des outils informatiques de travail de l’image et de recherche d’information, au service de la pratique plastique.

Composantes théoriques

– Mettre en œuvre un projet artistique (D2, D3, D5)

  • Identifier les principaux outils et compétences nécessaires à la réalisation d’un projet artistique.
  • Se repérer dans les étapes de la réalisation d’une production plastique individuelle ou collective, anticiper les difficultés éventuelles.
  • Identifier et assumer sa part de responsabilité dans un processus coopératif de création.
  • Adapter son projet en fonction des contraintes de réalisation et de la prise en compte du spectateur.

S’exprimer, analyser sa pratique, celle de ses pairs, établir une relation avec celle des artistes, s’ouvrir l’altérité (D1, D3)

  • Décrire et interroger à l’aide d’un vocabulaire spécifique ses productions plastiques, celles de ses pairs et des œuvres d’art étudiées en classe.
  • Justifier des choix pour rendre compte du cheminement qui conduit de l’intention à la réalisation.
  • Formuler une expression juste de ses émotions, en prenant appui sur ses propres réalisations plastiques, celles des autres élèves et des œuvres d’art.

Composantes culturelles

– Se repérer dans les domaines liés aux arts plastiques, être sensible aux questions de l’art (D1, D3, D5)

  • Repérer, pour les dépasser, certains a priori et stéréotypes culturels et artistiques.
  • Identifier quelques caractéristiques qui inscrivent une œuvre d’art dans une aire géographique ou culturelle et dans un temps historique, contemporain, proche ou lointain.
  • Décrire des œuvres d’art, en proposer une compréhension personnelle argumentée.

* D1 Les langages pour penser et communiquer – D2 Les méthodes et outils pour apprendre – D3 La formation de la personne et du citoyen – D4 Les systèmes naturels du monde et l’activité humaine – D5 Les représentations du monde et l’activité humaine